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Discussion: Avignon le 8 avril 2009

Où il est question de s’allier

SYNDICATS, LUTTES DES SALARIÉS
Même si les partis et les syndicats au pouvoir sont devenus « respectables », qu’ils nous ficellent de jolies petites lois et accords avec le patronat, ils sont totalement aliénés. Une manif par mois dès qu’il fait beau, il y a de plus en plus de gens qui trouvent que ça ne change rien, qu’on les berne, et que ça ne devrait pas durer.
La fac est occupée depuis deux mois, il y a quarante personnes qui ont organisé beaucoup d’activités. Pendant ce temps, les grandes centrales syndicales ne font absolument rien, alors que c’est sensé être leur boulot.

Aujourd’hui il y a des liens qui se font, mais de façon assez étrange. Par exemple, à Grenoble, pendant la grève des ouvriers de Caterpillar, les grévistes ont accueilli les étudiantEs qui sont venuEs les soutenir sur place avec surprise: « Qu’est-ce que vous faites là? Pourquoi vous êtes venuEs? ». Ils n’ont pas compris pourquoi il y avait d’autres gens qui s’intéressaient à leur lutte et pouvaient même les soutenir concrètement. On est touTEs rangéEs dans des boîtes, des cases. Les étudiantEs se sentent seulement étudiantEs, alors même qu’ils et elles travaillent pour la plupart.
Parfois les liens sont plus simples, plus évidents: la grève de la poste à Dijon a été assez transversale et a touché bien plus que les travailleurEUSEs de la poste.

DU COTE DE L’ITALIE DES ANNEES 70
La CGIL invite les ouvriers des usines à faire des journées de grève-action, mais les ouvriers sont plus créatifs. Ils inventent par exemple la « grève en cascade »: grève de 2 heures par poste sur la chaîne de montage, ce qui bloque toute la chaîne toute la journée, sans trop mouiller chaque ouvrier.
Il y a une continuité, mais aussi une transformation du mouvement en 77 avec les Indiens Métropolitains. Au niveau ouvrier, c’est déjà un peu fini vers 76-77. La CGIL se réorganise et récupère le mouvement autant qu’elle le peut, parce qu’elle permet de temporiser, de faire la médiatrice entre les ouvriers et le patronat, et finalement reste une référence importante pour les ouvriers: il y a toujours besoin de négocier.

Il y avait des assemblées regroupant les ouvrierEs et les étudiantEs. En France aussi, les maos ont cherché à créer ce genre de liens dans les luttes. La persévérance des étudiantEs était justifiée par une intention révolutionnaire plus vaste.

LA QUESTION DE CE QUI NOUS POUSSE A AGIR
Il y a le fait d’avoir le couteau sous la gorge, ne plus avoir rien à perdre mais tout à gagner. D’appartenir à une histoire qui ne commence pas à ici et maintenant, avec nous.
Mais il y a aussi ce qui nous empêche d’agir: les béquilles des aides sociales, qui nous obligent à être conformes dans le rang, et l’atomisation des travailleurEUSEs, la fin des structures sociales communautaires. Sur cette question, les 40 jours de grève générale en Guadeloupe sont édifiants. Les réseaux sociaux pré-existants ont permis aux guadeloupéens de tenir leur lutte, notamment grâce aux soutiens divers, à la production maraîchère locale, etc.

Il faut maintenant trouver des moyens nouveaux adaptés à la situation actuelle: il n’est pas question « d’éveiller les consciences », mais bien plutôt de s’allier.

Une vingtaine de personnes participait à la discussion.